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Entretien avec Amélie Leclercq pour la Journée internationale des droits des femmes

Madame LECLERCQ, est dirigeante de l’entreprise « Presechni Tochki », basée en Bulgarie et consultante en affaires européennes, formation et gestion de projet en matière de responsabilité sociale des entreprises. Elle dispose d’une expérience de plus de 25 ans dans la fonction publique et ingénierie de formation en France.

1/ Pourriez vous nous dire ce qui vous a amené vers ce domaine ? Parlez-nous de votre parcours ?

La création de mon entreprise est pour moi une façon de contribuer au développement de la Bulgarie, mon pays de cœur. Je me suis donc donnée le défi de transformer tous les aspects de ma vie professionnelle : travailler dans un autre pays, dans le secteur privé au lieu du public et parfois dans une autre langue.

J’ai travaillé en France et en Belgique dans la gestion des tribunaux puis au niveau européen en matière de e-justice, d’interconnexion des casiers judiciaires ou de formation des professionnels du droit aux procédures juridiques européennes. J’ai, par exemple, discuté d’informatique avec des juristes et de droit avec des informaticiens, deux mondes avec des modes de pensée très différents. En parallèle, mes engagements associatifs m’ont permis d’aborder l’entrepreneuriat au féminin, à la fois en gérant des projets et en faisant des activités de lobby pour représenter les besoins des femmes entrepreneures. Je suis d’ailleurs toujours.

Je fonde mon enracinement professionnel en Bulgarie sur mes expériences à l’international (UK, Belgique, Luxembourg), mon réseau et sur les expertises développées dans des contextes très divers, professionnel, associatif et personnel. Le nom de mon entreprise « Points de contacts » représente ma capacité de servir d’interface entre des cultures diverses, entre niveau national, voire local et problématiques européennes, entre secteurs professionnels. L’accueil des Bulgares m’encourage dans cette voie.

2/ Vous avez occupé des postes importants, est-ce que vous pouvez nous partager vos impressions sur le positionnement des femmes dans votre domaine d’expertise et au cours de votre expérience ?

La reconnaissance de l’expertise des femmes est un travail de tous les jours. Regardez simplement les informations télévisées, comptez le nombre de femmes invitées comme expertes par rapport aux hommes et vous serez édifiés.

Dans mon domaine de travail, les femmes sont souvent en majorité, mais toujours en minorité aux postes décisionnels ou en tant qu’expertes reconnues au niveau européen ou international. Les actions de lobbying et de soutien ont été nécessaires et restent nécessaires pour faire avancer les choses. N’oublions pas qu’une femme est devenue Commissaire européenne pour la première fois en 1989. 

Aujourd’hui encore, les discussions sur la paix se font entre hommes, alors que nous avons obtenu en 1990 la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant qu’une paix durable n’est possible que si les femmes aussi sont impliquées en tant que décideurs dans toutes les étapes de son établissement – depuis la gestion des situations de conflit, l’accueil des réfugiés, les négociations et la mise en œuvre des actions de soutien à la paix.

3/ Quelle est d’après vous la place des femmes dans la Francophonie scientifique ou dans la société en général ?

La Francophonie scientifique doit donner des outils pratiques à l’ensemble des Francophones pour travailler ensemble pour résoudre les défis de l’avenir, en particulier en ces temps de crise climatique. La langue qui nous unit ne doit pas seulement être vue comme un bien culturel et intellectuel, mais aussi comme un levier d’action sur le réel.

Victor Hugo et Olympe de Gouges, certes, mais aussi Léopold Ségar Senghor et Marie Skłodowska-Curie, et regardons aussi vers l’avenir qu’aident à construire Rose Gana Fomban Leke du Cameroun ou Louise Potvin à Montréal.

Je suis toujours émue de rencontrer des Francophones de tous pays qui nous font l’honneur de parler le français, langue de la liberté et de la fraternité mais qui fut aussi langue de l’oppression et de la colonisation.

La majeure partie des enseignants de français sont des enseignantes. Je souhaite qu’elles soient partie prenante dans les travaux menés sur la Francophonie scientifique. Leurs compétences pédagogiques en matière d’enseignement du français doivent servir aussi à transformer le monde : amélioration de l’insertion professionnelle de leurs élèves et étudiants, développement des réseaux entrepreneuriaux, sensibilisation aux défis de la numérisation du monde ou de la transition écologique à construire. Sans leur implication, la Francophonie scientifique risque de rester dans le cercle raréfié des chercheurs et des experts internationaux. Les enseignantes de français sont la charnière vivante entre recherche et adaptation des francophones à un monde en transformation permanente et rapide.

4/ Aujourd’hui est la Journée internationale des droits des femmes, qu’est-ce que vous souhaitez dire à toutes les femmes de la planète ? ou bien qu’elle est le message que vous voulez faire passer aux femmes ?

Je souhaite à toutes les femmes du monde d’avoir l’opportunité d’investir sur elles-mêmes – du temps et de l’argent – pour pouvoir créer l’avenir dont elles rêvent.

Je souhaite à toutes les filles du monde l’accès aux études, aux métiers, aux responsabilités qui leur permettront de participer à la construction d’une société plus égale et plus douce aux personnes vulnérables.

Et je souhaite à tous les hommes du monde de comprendre que le partage égal des responsabilités personnelles, professionnelles et sociétales leur sera aussi bénéfique.

« Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. Il est temps de comprendre davantage, pour avoir moins peur ». Marie Curie, physicienne française et polonaise, prix Nobel de chimie et prix Nobel de physique.

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